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Introduction

Entre le XVème et le XVIème siècle, le corps humain est souvent représenté dans l’art comme un idéal, un objet de contemplation et de désir. Les corps blancs et musclés de Botticelli en sont le parfait exemple. Cependant, certains artistes en marge déjà à cette époque en ont une toute autre vision. De plus, ces représentations du corps vont complètement évoluer. Les artistes entachés du contexte social dans lequel ils évoluent et des différents courants artistiques de leurs époques respectives proposent des représentations du corps déformées, de plus en plus oniriques, jusqu’à ce que le corps humain devienne l’oeuvre-même et ne soit plus qu’un simple modèle. L'analyse transversale se situera à la suite des oeuvres, en cliquant sur "autres articles" en bas de page.

Jerome Bosch - Le jugement dernier

Jerome Bosch- Le jugement dernier- 1505, huile sur panneau, 99x117,5cm, conservé au musée Groeninge de Bruges. Hieronymus Bosch, ou Jerome Bosch, a peint de nombreux tableaux où sont représentées des hybridations et des corps détournés, des corps aussi bien humains que non humains. Celle-ci nous apparaît pertinente dans son éloignement des normes sociales de présentation des corps de l’époque. Bosch offre un point de vue sur sa vision de l’enfer, sa vision du malheur et de l’horreur, sans embarras pour la pudeur des corps ou la pudeur de l’horreur. Il peint des scènes de guerre, où de nombreux détails sont donnés à voir au spectateur, qui plonge ainsi dans l’oeuvre pour en analyser les moindres recoins.

René Magritte - Les marches de l'été

René Magritte - Les marches de l'été, 1938, huile sur toile, 60x73cm, exposé au Centre Pompidou. Ce fameux tableau de Magritte est une figuration parmi tant d’autres d’un nu féminin. A l’exception que celui-ci est figé, sans tête, et ne démontre aucune sexualisation apparente. On observe même une déshumanisation de corps. Celui-ci s'inscrit dans le décor, s'inscrit dans la matière, la pierre, et le fait s'apparenter à une sculpture. Nous l'avons choisi pour son ambiguïté certaine dans la démarche, celle de ne faire apparaître qu'un buste féminin, de procéder à une déshumanisation, et à la fois de tellement morceler et faire différer celui-ci qu'il n'a plus grand chose de sexualisant. 

Ménélas - Stamnos attique à figures rouges

Attribué à Ménélas, Vase représentant Oedipe et le Sphinx, vers 440 avant JC, Hauteur: 0,345m, Diamètre, 0,264m, conservé au Musée du Louvre. Nous avons choisi cette oeuvre pour contrer notre volonté de ne montrer que ou presque de l’art moderne: les représentations et déformations des corps humains ont toujours existé, sous une forme ou une autre. Le support est aussi très différent du reste des oeuvres de notre corpus: ici sur un vase, pour mieux envisager l'oeuvre suivante, portée sur un humain.

Fecalmatter - Provoke Humanity

Fecalmatter - Provoke Humanity, 2018, costume, mixed media, à vendre pour 300$ sur le site depop. Il nous a semblé intéressant de montrer un corps qui ici s'achète, et qui peut possiblement s'intégrer à une vie moderne. C'est une banalisation d'un corps artistique, qui nous paraît pourtant très étranger, et nous met même mal à l'aise, et c'est pourtant l'oeuvre la plus accessible, de par le fait qu'elle peut être portée en tant que vêtement, seconde peau, et achetée, sur un site de vente de vêtements.

Yves Klein - Anthropométrie de l'époque bleue

Yves Klein - Anthropométrie de l'époque bleue, 1960, performance. Tableau final: Pigment pur et résine synthétique sur papier marouflé sur toile. Fait partie de la collection permanente du centre Pompidou. L’anthropométrie de l’époque bleue de Yves Klein est une performance durant laquelle c’est le modèle (et même mannequin) qui peint le tableau, en effectuant une empreinte de peinture de son corps nu sur une toile, à l’horizontal. L’artiste n’est ici que le facilitateur et l’instigateur de la performance. Cette oeuvre s’inscrit donc dans le corpus de deux manières différentes: Tout d’abord, évidemment, son processus très différent dans la quête de la représentation du corps, et dans une démarche critique de montrer l’omniprésence de la volonté des artistes masculins de vouloir représenter des nus féminins, que le résultat soit sexualisé ou non.

Henry Moore - Large Reclining Figure

Henry Moore - Large Reclining Figure, 1984, 9,45m x 4,24m, bronze, OCBC Centre, Singapour. Oeuvre la plus grande de notre corpus par sa taille, il nous semblait important d'inscrire une sculpture dans notre corpus, pour participer à la variété des mediums, et montrer à donner une sculpture de corps différente de celle de l'imaginaire collectif. Cette oeuvre fait partie d'une déclinaison de dizaines d'oeuvres que l'artiste a reproduit, dans des tailles et matières différentes. L'intêret réside aussi ici dans le minimalisme imposant de cette sculpture, ainsi que son jeu sur la perspective et le mouvement, qu'on peut facilement imaginer si l'on y passe à côté.